Avec 65 486 nouveautés, toutes les catégories d'ouvrages avaient été touchées durant l'année 2012, une année caractérisée pendant neuf mois, soulignons-le tout de même, par une hausse du taux de TVA de 5,50 à 7%. La mesure n'avait pas été comprise par les milieux de l'édition, d'autant que les achats de livres venaient de baisser pour la deuxième année de suite après deux exercices 2010 et 2011 difficiles à tous points de vue ! Une première depuis vingt ans ! Ce n'était pas une mesure de nature à encourager une quelconque reprise dans un secteur où de nombreuses difficultés étaient apparues en 2011 et 2012 chez nombre de librairies indépendantes. Elles se sont traduites cette année, par le dépôt de bilan de 53 des librairies appartenant à l'enseigne CHAPITRE.COM et gageons qu'il y aura d'autres dépôts de bilan ou cessations d'activité en 2014. Surtout compte tenu de la nouvelle hausse fiscale programmée et du nouveau ralentissement de la consommation attendu.
Il faut en être conscient, si le retour à un taux de TVA de 5,50% depuis le 1er janvier dernier a permis à nombre de structures de poursuivre leur activité, cela s'est fait souvent difficilement et dans la douleur. Cela à cause d'un nouveau tassement de la consommation des ménages. Bien qu'en termes de consommation, les Français soient revenus à l'essentiel, on sait que la culture ne fait plus, hélas, partie de l'essentiel et que notre pays est parti pour atteindre de nouveaux sommets en termes d'illettrisme. Car, si les modes de communication ont changé et si on privilégie désormais le portable, les plus jeunes continuent à lire de moins en moins. Il suffit de se référer aux perles entendues sur les ondes ou vues sur de nombreux forums en ligne pour comprendre que notre civilisation est en train de changer et que l'inculture est de moins en moins considérée comme une tare ! Ce qui devrait rassurer les cancres sans forcément profiter aux marchands de radiateurs !
Ce changement de mode de consommation a une conséquence. Car c'est une nouvelle donne qu'il conviendra d'intégrer à nos pratiques. Elle devrait inciter de plus en plus d'éditeurs à ne plus rechercher à tout prix le livre qui se vend, en sacrifiant ceux qui, sans se vendre beaucoup, permettent d'échanger avec des lecteurs toujours à la recherche de livres rares. Et des témoignages pas forcément conçus par des auteurs à succès dont le talent d'écriture est reconnu. A méditer.
Louis PETRIAC