• Burn'out et déraison : un cheminement compliqué...

    couv-voyage-au-pays.jpgL'épuisement professionnel ou "burn'out" dont il était question mercredi soir sur France 2 dans le cadre d'un téléfilm "quinze jours ailleurs" revient aujourd'hui, régulièrement, sur le devant de la scène. Comme le dit le comédien Didier BOURDON - qui interprète l'un des rôles principaux de cette fiction - le sujet est grave. Et il l'est plus encore au vu des constats réalisés dans l'univers psychiatrique, car rien n'a changé depuis le non moins célèbre VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOUS qui dépeignait sans ménagement aucun l'univers de l'enfermement à la fin des années quatre-vingt. Et cela malgré l'accroissement du nombre de ceux qui, pris au piège, deviennent soudain des êtres perdus dans un monde subitement devenu trop grand pour eux.

    Nous avions publié au tout début de notre activité d'éditeur un ouvrage consacré à ce monde de la déraison (ci-contre), premier ouvrage que j'avais voulu réaliser pour témoigner de ce qu'il m'avait été donné de traverser après avoir également vécu un peu plus de quinze jours ailleurs. Avec des clichés consternants, et des propos assez acides, tant sur l'univers psychiatrique que sur l'attitude des soignants à l'égard de gens "momentanément" hors course. Nous disposons toujours de cet ouvrage en stock qui est proposé à 14 €.

    VOYAGE AU PAYS DE LA DERAISON, ISBN n° 978-2-952411707 

    EXTRAITS :

    Tout était remarquablement organisé !

    Dès leur arrivée, les "timbrés" ou ceux que l’on cataloguait comme tels, étaient piqués comme de vulgaires bâtards en proie aux maux les plus divers et claquemurés dans ce qu’ils appelaient des chambres. Ne sachant pas à quels types d’ostrogoths les soignants avaient à faire, mieux valait prendre quelques précautions durant les vingt-quatre premières heures. De quoi réduire ainsi à néant toute vélléité de rébellion ou toute tentative désespérée qui tournerait mal…

    J’ai longtemps pensé que ces pratiques, signes du plus parfait manque d’humanité et de chaleur qui puisse exister dans ce genre d’hôpital, étaient parfaitement rodées. Pourtant, je ne comprenais pas pour quelle raison j’avais été enfermé, alors qu’on laissait aller et venir dans les couloirs de l’institution en question des individus dont la présence d’esprit me semblait quelque peu errodée… D’ailleurs, je me demande encore si, après ce genre de tentative, l’enfermement est la thérapie la plus adaptée qui existe pour redonner envie de vivre à ceux qui ont un jour éprouvé le besoin d’échapper aux réalités de l’existence...

    Sans réaction et en état de choc, je ne pus mesurer tous les aspects de ce qui a fini par être d’une évidence flagrante par la suite. Au moment de l’admission en psychiatrie, les malades perdent toute identité. Tout concourt à les pousser vers un état second : l’accueil souvent empreint de moquerie des soignants et autres chaperons, le manque de compréhension dont ils devraient pouvoir bénéficier et surtout la façon dont la plupart ont le sentiment d’être perçus à leur arrivée dans un tel endroit. L’humour cynique et cinglant dont je me serais fort bien passé et que d’autres avaient également dû essuyer en était la plus vive illustration. J’ai depuis toujours autant de mal à admettre qu’on puisse parler à un malade dépressif comme on parle à quelqu’un dont le psychisme a irrémédiablement basculé dans le délire.   

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