• Edith, Est-ce qu'on ne risque pas d'être des cloches ?...

           Marc pianiste énergique

    Marc HERRAND avec sa hargne de créateur quand il se plaisait à jouer les Arthur Rubinstein au piano.  

     

    Edith, Est-ce qu'on ne risque pas d'être des cloches ?...

    Lors de la création des Trois cloches, malgré ce qu'il ressentait pour Edith PIAF, Jean-Louis JAUBERT redoutait que ce soit les Compagnons de la Chanson qui deviennent des cloches ! "Avec l'habileté et l'adresse qui nous caractérisaient à l'époque, avait-il précisé malicieusement avant de nous quitter, nous avions répondu négativement à sa prière". Mais, leur bienfaitrice était décidée à leur imposer un changement de répertoire et son obstination contribuera à lever progressivement toutes les oppositions. En dépit de quelques coups de gueule et de quelques éclats de voix ! Car il était fréquent, après avoir encensé untel ou untel, qu'Edith choisisse de les habiller pour l'hiver, une fois leur dos tourné ! Mais elle était ainsi et c'était la seule femme avec laquelle les Compagnons acceptaient de s'engueuler gentiment !  

    Le 9 avril 1946, avec des Compagnons convaincus définitivement qu'une chance se présentait avec ces Trois cloches, on se livrera à quelques essais. Les premiers ! Certes, l'histoire est encore loin d'être entendue, ce serait même de l'avis de quelques-uns d'entre eux une véritable catastrophe ! Et pourtant... Pourtant Marc HERRAND (photographié en tête d'article par un média de l'époque) avance, patiemment !... En moins de deux mois, son envie de cloches va se révéler la plus forte et, jour après jour, il va arriver au but qu'il s'était fixé, en faisant sonner les voix de ses partenaires et amis comme des cloches. "Je voulais peindre avec les voix" dira-t-il bien plus tard. Malgré les propos injustes qu'il tient à l'égard des COMPAGNONS DE LA CHANSON dans son ouvrage consacré à Edith PIAF*, le biographe Emmanuel BONINI parle fort justement de sonorité lorsqu'il évoque le gigantesque travail d'arrangement mené par Marc HERRAND qui n'avait à l'époque que... 21 ans !  

    Que de répétitions, que d'exigences déclinées parfois dans un climat passionnel ! Un travail magnifique dû au seul professionnalisme du jeune chef de musique des COMPAGNONS DE LA CHANSON, et à son sens du perfectionnisme aussi ! Au point qu'Edith, séduite à son tour par l'arrangement musical du jeune Alsacien, va même se résoudre à proposer à ses protégés d'interpréter la chanson avec eux ! Elle interviendra dans les refrains et le jeune Fred MELLA âgé de 22 ans prendra les couplets... La bataille est gagnée, il ne reste plus qu'un peu d'organisation à mettre en place ! Au prix souvent de bien des difficultés mais qu'importe ! Les jeunes gens et Edith iront jusqu'à reprendre la chanson en sourdine dans le métro sous le regard ébahi des voyageurs ! La dernière décade d'avril au Théâtre de l'Européen leur permettra de répéter encore et encore jusqu'à cette soirée mémorable au Club des Cinq où, devant leur complice Jean COCTEAU, ils se livreront à une première interprétation devant un public conquis. La suite, on la connaît ! La chanson sera très vite en tête de tous les charts de l'époque et sera même considéré comme l'un des grands succès de la Chanson française de l'année. Au point, outre-atlantique, de permettre à son héros Jean-François NICOT de devenir au cours des années suivantes et progressivement un inoubliable Jimmy BROWN ! Plus de cinquante ans plus tard, la chanson convainct encore et la vedette australienne Tina ARENA en a fait un remake au début des années 2000 ! En français s'il vous plaît !  

    Depuis ces années magiques et quelques autres créations empreintes de génie comme Le prisonnier de la tour ou Le galérien, beaucoup ont oublié qui était Marc HERRAND et pourquoi, en mars 1952, il avait choisi de quitter les COMPAGNONS DE LA CHANSON pour épouser une autre star de l'époque : Yvette GIRAUD. Dans un portrait qui sortira en juillet prochain et qui contient quelques documents et révélations, au moment même de la sortie de plusieurs autres documents évoquant la longue carrière des anciens partenaires de Marc, Louis PETRIAC revient sur le profil d'un homme. Sans aucun doute l'un des plus attachants de la Chanson française d'après guerre. Avec le dernier ouvrage consacré à Jean BROUSSOLLE et Jean-Pierre CALVET, sans doute une autre très belle idée cadeau pour les fêtes qui approchent. 

    MARC HERRAND, un inoubliable grand Monsieur de..., Louis PETRIAC, 978-2-918296-29-4    

     

    * PIAF, la vérité, Pygmalion, 2008. 

    « Qui sont-elles ces plumes de l'ombre ?...Ecrivain public au début des années quatre-vingt dix, avant de devenir éditeur ! »
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