• Hommage à un quartier disparu

    Hommage à un quartier disparu

    Il aura fallu qu'un quartier entier disparaisse pour que des souvenirs se bousculent. Ceux que l'auteur avait conservés d'une époque où l'existence des plus humbles était foncièrement différente. Parce qu'on sortait d'un conflit éprouvant et que les gens avaient tout simplement envie de vivre sans même rechercher le graal. Ces HISTOIRES D'AVANT publiées en novembre 2012 sont aussi celles d'une rue comme il en a existé quelques-unes dans des quartiers défavorisés. Un endroit où les masures des moins nantis ont aujourd'hui laissé la place à un complexe marchand et à une spéculation immobilière outrancière. Au nom du progrès et, hélas, d'une certaine régression sociale.

    (EXTRAITS) Dans notre quartier, nous vivions tous à proximité les uns des autres. Tous ceux qui y travaillaient ne mettaient donc guère de temps pour se retrouver Chez Jean, au Roi du Café, l’un des plus anciens bistrots d’une zone difficile à délimiter. Coincée entre les tristes HLM en brique rouge du boulevard Ney dans le XVIIIème et le canal de Stains aux portes d’Aubervilliers, elle a depuis laissé la place à un tout nouveau périmètre d’affaires qu’on était pourtant loin d’imaginer s’implanter un jour sur une telle étendue tellement il y régnait de saleté !
    Au point qu’il n’y reste plus rien de ce que, jadis, nous avons connu. Au milieu des masures longtemps restées à terre, on peinerait même aujourd’hui à s’y retrouver. Des gratte-ciel y ont poussé comme des champignons et il ne reste plus aucune trace des échoppes et des trois bistrots qui ont été, plusieurs années durant, les points de rassemblement matinaux des quelques travailleurs de force du coin. Ni non plus de trace des rues que nous fréquentions, des voies nouvelles ayant été créées qui interdiraient tout repère.
    Lorsque nous pénétrions dans le nôtre, il fleurait toujours l’une de ces odeurs à vous enivrer les sens et à vous réconcilier avec le monde entier. A plus forte raison durant les trop longues journées d’hiver ! Car Chez Jean, quand la journée n’était pas prétexte à la préparation d’un bon bœuf bourguignon, c’était une soupe qui donnait au décor toute une envie de réconciliation. Et peu importe si les choses allaient mal ! Du moment qu’on pouvait se réchauffer près du vieux poêle, c’était l’essentiel ! Combien s’y sont-ils attablés dans cette vieille boutique aux murs peints en jaune canari ? Dès sept heures du matin, prêts à faire chabrot avec le reste du bouillon de leur assiette ? Avec, quelquefois, des exercices ponctués d’appréciations très gutturales qui auraient pu révolter les gens épris de bonnes manières ? Sans vouloir pasticher l’un de nos regrettés Flamingants, je dirais que chez ces gens-là, monsieur, on ne mangeait pas, non, on ne mangeait pas, on aspirait goulûment le contenu de l’assiette en portant celle-ci aux lèvres.

    HISTOIRES D'AVANT, Louis PETRIAC, ISBN n° 978-2-918296-11-9

    « Ma guerre à moi... Robert Sudey, L'article de Sud-OuestRené Fontaines, le chirurgien strasbourgeois émérite... »
    Yahoo! Pin It

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :