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Négations, un polar noir !...
L’espace d’un instant, elle repensa au visage de l’homme sombre que Paul était parfois lorsqu’il lui donnait le sentiment d’être quelqu’un de déchiré par les épreuves. Elle repensa aussi à leur toute première rencontre lorsqu’elle se rendait chaque matin au travail. Un endroit où elle s’ennuyait de plus en plus, subissant les avances de plus en plus pressantes de son nouveau responsable hiérarchique au sein de l’agence médicale de Bressoire. Un nouveau poste, de nouvelles envies, une nouvelle résistance… toutes les petitesses vécues alors la laissaient de marbre et elle n’avait plus eu envie d’échapper, ni aux regards circulaires des hommes, ni à leurs nombreuses réflexions chargées de sous-entendus. La trouvaient-ils à leur goût ? Certainement et c’est pourquoi Irène s’évertuait à les provoquer, parfois même outrageusement, en attisant leur désir avec un détachement de circonstance, pensant que cette attitude les désarçonnerait. Et effectivement, elle les désarçonnait. Complètement. Même si, de temps à autre, elle donnait l’impression à certains d’entre eux, plus déterminés que tous les autres mâles de son service, d’être réceptive à leurs envies et de pouvoir, un jour, figurer en bonne place parmi leurs petits coups de canif d’un soir. Mais toutes ces petites banderilles la laissaient cependant de marbre, car elle avait fini par s’habituer au fait que la plupart des mâles qu’elle supportait, au travail comme au-dehors, n’auraient jamais, comme la grande majorité des hommes, qu’une bite à la place du cerveau.
Contrairement à certaines de ses relations ou collègues féminines de travail, elle ne s’était pourtant jamais décidée à jouer de sa plastique, ni à se travestir en suffragette. Elle n’avait sans doute pas la moindre envie de ressembler à toutes les autres femmes, plus sujettes et promptes qu’elle à s’approprier par ce biais-là le pouvoir qui leur avait si longtemps échappé. Si elle s’estimait heureuse de la fin du leadership masculin pointant son nez en ce début de siècle, elle ne se sentait, malgré ce qu’elle pensait des mâles, pas pour autant animée du moindre esprit de revanche au plan professionnel. Elle se félicitait plutôt d’être entrée dans une période propice à un réel échange où la femme et l’homme seraient enfin placés sur un réel pied d’égalité.
Louis PETRIAC avait publié voici un peu plus de deux ans sous notre label : NEGATIONS, un polar noir sur fond d'obsession qui, sans avoir rencontré un réel succès d'audience, continue à s'écouler gentiment. Comme l'extrait ci-dessus le montre, le désir n'est pas absent de cette fiction, mais le pouvoir non plus ! C'est d'ailleurs fou ce qu'il peut se passer comme choses dans une petite ville de province relativement discrète où règne cependant un affairisme des plus condamnables. Pour l'auteur, c'était une façon de mettre en scène l'ambivalence de certains comportements et de dépeindre une atmosphère lourde de compromissions en tous genres.
NEGATIONS, Louis PETRIAC, 19.90 €, ISBN n° 078-2-918296-09-6
En vente en ligne ici (à l'aide d'un bon commande accessible dans l'espace de gauche de notre page d'accueil) ou chez certaines grandes surfaces comme DECITRE à Lyon.
Tags : d’etre, envie, certains, negations, noir
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