• Un quartier parisien qui vivait encore du charbon à la fin du XXème

    Un quartier parisien qui vivait encore du charbon à la fin du XXème

    Cette image est aujourd'hui connue et représente l'un des derniers charbonniers qui vivaient encore du charbon à la fin du XXème siècle à la limite du XVIIIème parisien et d'Aubervilliers. Ce que l'on sait moins, c'est que l'endroit où Maurice, l'un des derniers bougnats, exerçait, a aujourd'hui disparu, laissant la place à un complexe marchand : Le Millénaire, ouvert en 2011. Ce quartier situé au bord du canal Saint-Denis appartenait aux Entrepôts et Magasins Généraux de Paris qui en louaient une grande partie à des sociétés de distribution de combustibles comme La Charbonnière, rue de la Gare. 

    Un quartier parisien qui vivait encore du charbon à la fin du XXèmeL'ouvrage que notre premier label libéral avait publié en 2012 et qui vient d'être réimprimé : HISTOIRES D'AVANT, évoque la vie de ce quartier dans les années cinquante. A un moment où les charbonniers de La Charbonnière et quantité de petits bougnats aveyronnais et cantalous vivaient encore d'une activité épuisante. Aux côtés de personnages hauts en couleur qui animaient l'endroit. Nous en avons tiré un nouvel extrait faisant suite à un article récemment paru ici.

    EXTRAITS : Gamin, l’un des vieux dockers qui avait longtemps participé à d’autres travaux de déchargement sur les péniches, avait conservé un atelier de chaudronnerie à proximité. Histoire de s’occuper et de gagner de quoi vivoter, de quoi oublier le reste, tout le reste. Ce qui n’avait plus aucune importance à ses yeux d’homme éprouvé par les aléas d’une vie chaotique. 

    Chaudronnier l’homme ne l’était guère pourtant et s’il avait des compétences, elles se limitaient à l’essentiel. Situé juste derrière notre cour entre deux garages, Gamin s’efforçait d’y réparer ce qu’il pouvait avec l’aide d’une forge. Du moins lorsqu’il n’était pas trop « imbibé » par les nombreux verres de vin blanc limé qui constituaient son ordinaire. Ça ne le rendait sûrement pas meilleur ce blanc limé, ce n’était sans doute pas un exemple à suivre, mais ça lui évitait seulement d’être désagréable car, entre deux vins, il appartenait déjà à un autre monde, Gamin. Et on l’appréciait pour ce qu’il était, lui l’homme sans histoires, jamais violent et toujours d’égale humeur. 

    Bien qu’assez chétif, il fallait le voir, face au brasier de sa forge, triturer les pièces qu’il modelait pour comprendre que l’homme était à sa place dans cet univers ! J’avais eu l’occasion, un jeudi, de lui rendre visite pour lui demander de m’aider à réparer un jouet cassé et j’avais pu découvrir sa forge. Ainsi qu’un tampon de wagon de chemin de fer qu’il utilisait comme établi de fortune ! Contrairement à nous autres, le charbon et la poussière, il s’en "tamponnait le coquillard" lui, Gamin ! Et s’il avait fallu y rester quelques années de plus, il y serait resté. Peut-être parce que dans son atelier de chaudronnerie à lui, il avait le sentiment d’être une sorte de roi ou de prince. Quelqu’un disposant d’un pouvoir que peu auront jamais. De notre cour, sans pour autant l’apercevoir, il n’était pas rare, certains jours, de l’entendre donner des coups de marteau à même son établi en fonte. Je revois encore l’homme à l’aspect négligé et au visage émacié, buriné par les ans et les abus de tout genre, sa barbe de trois jours… Vêtu l’hiver de sa canadienne, col en fourrure relevé, il était régulièrement coiffé d’une chaude casquette dont il rabattait les pans sur les oreilles. Après être descendu de vélo, il s’arrêtait au Roi du Café dès le petit matin avec, dans sa sacoche, sa gamelle du midi…

    HISTOIRES D'AVANT, Louis PETRIAC, ISBN n° 978-2-918296-11-9 

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