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Une Cantine de la Gare située en 1933 dans un quartier industriel...
Sans que nous en ayons jamais vraiment parlé ensemble, avoue l'auteur parlant de son père, j'ai la conviction qu'il était parti plein d'espoir dans les années trente et qu'il avait dû y avoir un entrefilet de publié dans l'Auvergnat de Paris, un mensuel que tous les gens d'Auvergne pouvaient recevoir sur abonnement. C'est vrai que c'était le plus sûr moyen de mettre en relations des gens dont on savait qu'ils opteraient plus facilement que certains autres pour un commerce de débit de boissons et de restauration, surtout dans une telle banlieue qui n'était pas très aguichante, même si on était à quelques mètres des portes de Paris, à la limite du XVIIIè.
Après avoir été plusieurs années durant garçon de café place du Châtelet, ajoute-t-il, au centre de Paris, avoir quelque temps occupé une modeste chambre rue de la Huchette dans le quartier latin, avoir épousé une femme qui était déjà en charge d'une gamine de six ou sept ans, j'imagine ce qu'avait dû être pour lui un tel changement en arrivant dans cette rue de la Gare où il devait déjà y avoir une poussière d'enfer due au conditionnement du charbon. L'arrivée avant la guerre dans un quartier promis à une révolution industrielle avait dû demander un temps d'adaptation, car après avoir connu le centre de Paris, se retrouver ainsi dans un tel quartier déshérité ! Mais qu'avaient donc pu dire les Entrepôts et Magasins Généraux de Paris pour attirer de telles candidatures et pour qu'en fin de compte ce soit la sienne à lui qui soit retenue ? Surtout à une époque où l'on était face à une crise économique ? Car à la fin de l'année 1930, imitant d'autres pays entrés en récession après le krach de Wall Street aux Etats-Unis, les productions industrielle et agricole venaient également de s'effondrer chez nous. Avait-il eu peur de perdre son emploi de garçon de café au Châtelet ? Je n'ai jamais réussi à le savoir car mon vieux père n'était pas un communiquant et réussir à le faire parler était toujours difficile, en admettant cependant qu'il ait eu envie de revenir sur cette période qui l'avait peut-être vu se précipiter sur un tel engagement sans vraiment réfléchir. Regrettait-il de s'être jeté au cou d'une première épouse dont j'ai retrouvé une photo (en tête d'article) sur laquelle il figure en sa compagnie et qu'il accepte avec elle et sa gamine de tenir cette Cantine de la Gare dont il avait acquis le bail. Sûrement sans imaginer qu'après avoir fait "la vie" pendant qu'il était retenu prisonnier dans un stalag en Autriche, elle s'évanouirait en avril 1945 lui laissant un endroit dévasté. Une prodigieuse leçon de vie !
Un ouvrage qui évoque aussi tous les personnages de l'enfance rencontrés par notre auteur qui a voulu enquêter cinquante ans après l'avoir quittée sur cette rue de la Gare où il avait été élevé et où, à proximité, les nazis avaient entassé sur les ordres du gros GOERING des biens juifs en partance pour l'Allemagne ou l'Autriche.
Un ouvrage qui est désormais proposé dans notre boutique en ligne.
C'ETAIT LE ROI DU CAFE, Louis PETRIAC, ISBN 978-2-918296-50-8
« Auteur des Trois cloches, Marc Herrand avait fêté ses 98 ans !1940-44 Quand le Roi du Café n'était encore qu'une cantine ! »
Tags : quartier, paris, gare, industriel, rue
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